Luxation d’épaule et reprise du travail : quels délais ?

par | 21 mars 2023

Cette actualité appartient aux catégories suivantes : Épaule

Une luxation d’épaule va occasionner le plus souvent un arrêt de travail, de durée variable, selon la méthode de traitement et l’activité exercée. Un traitement conservateur par immobilisation ou une opération de luxation de l’épaule n’occasionneront donc pas forcément un arrêt de travail équivalent, même chez deux employés effectuant le même travail.

 

Est-ce une maladie professionnelle empêchant la reprise du travail ?

 

La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) et la médecine du travail distinguent clairement ce qui relève de l’accident du travail et de la maladie professionnelle.

Si la luxation de l’épaule survient au travail ou sur le trajet du travail, il s’agit a priori d’un accident du travail. En revanche, une épaule déboitée du fait d’une instabilité articulaire ne constitue pas forcément une maladie professionnelle, même si le salarié suspecte son travail d’y contribuer fortement.

Le lien avec le travail dépend essentiellement de l’endroit où a eu lieu le premier épisode de luxation (au travail ou pas). En effet, les épisodes suivants seront considérés comme une conséquence de ce premier épisode.

Pour éviter des litiges complexes, la CNAM a défini dans son tableau 57 la liste des pathologies de l’épaule pouvant être considérées, sous condition, comme des maladies professionnelles de l’épaule : il s’agit notamment de la tendinopathie aiguë non rompue non calcifiante avec ou sans enthésopathie de la coiffe des rotateurs, de la tendinopathie chronique non rompue non calcifiante avec ou sans enthésopathie de la coiffe des rotateurs objectivée par IRM, ou enfin de la rupture partielle ou transfixiante de la coiffe des rotateurs objectivée par imagerie médicale type IRM.

Face à une luxation d’épaule guérie, le médecin du travail doit donc rechercher éventuellement d’autres lésions de l’épaule, ou apprécier si les mouvements au travail (type par exemple maintien de l’épaule sans soutien en abduction) rendent le salarié inapte.

 

Luxation d’épaule et guérison pour la reprise des activités au travail ?

 

Il faut séparer encore une fois une première luxation d’une récidive.

En effet, après une première luxation, le délai de guérison pour autoriser la reprise du travail s’apprécie selon l’importance de la lésion initiale, le traitement effectué, le niveau de récupération fonctionnelle et surtout la nature de l’activité exercée. Le minimum tourne autour de 45 jours, la reprise des activités quotidiennes demandant au moins 1 à 3 mois, tandis que des activités physiques intenses sur le membre supérieur (port de charges lourdes) exigent un délai de 2 à 4 mois, voire plus. Pour une récidive, tous ces délais sont raccourcis car il n’y a souvent pas besoin d’immobilisation. Pour apprécier la date exacte de la reprise du travail sur une luxation de l’épaule, le salarié doit donc effectuer une rééducation complète, et demander idéalement l’avis d’un chirurgien de l’épaule.

Pour raccourcir la durée d’un arrêt de travail après une luxation de l’épaule aiguë ou une luxation de l’épaule récidivante, il est conseillé :

  • D’arrêter le tabac, ce dernier retardant les processus de cicatrisation des tissus mous (ligaments et capsules articulaires) et des tissus durs (opération chirurgicale type Latarjet) ;
  • De reprendre progressivement les mouvements de l’épaule, sans forcer sur les tissus les 45 premiers jours : en cas de doute, le patient doit systématiquement demander l’avis du chirurgien de l’épaule ou du kiné ;

La kinésithérapie n’est pas indispensable, mais nécessaire en cas de raideur.

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